Et si Dunières m'était conté

 

C'était en 1968, Maurice et Auguste Mourier s'en souviennent très bien...C'est autour d'eux que tout a commencé, au sein du Syndicat d'initiative, l'actuel comité des fêtes,qui se chargeait de l'organisation en partenariat avec l' Association Sportive Automobile ( ASA ) Velay Auvergne. " Un soir de réunion, nous nous sommes retrouvés autour d'une table et nous avons lancé le projet " se souvient Auguste Mourier, lui même ancien pilote occasionnel à l'époque. Avec Maurice Mourier, Aimé Pochon, Max Pochon, Mme Maniolloux et Ninette Crozet, ils mettront sur place le tout  premier "slalom" ,comme on l'appelait à l'époque, de Dunières. Et le tracé ne changera jamais.

 

Un mort pour la première édition

 

" Le matin se déroulaient les essais et l'après midi la course. A l'époque, tout le monde pouvait participer et nous avons même dû refuser du monde! " La course de côte de Dunières était née. Pour la petite histoire, c'est un certain ADAMTWAITE qui s'imposera en 1'28"7 sur une Morris Cooper. On est loin de l'actuel record détenu depuis 2002 par Lionel Régal en 1'02"005. Mais cette première édition laissa un goût amer aux organisateurs. Un jeune stéphanois sortira de la route au volant d'une Simca Coupé 1200 S . " Il avait eu un grave accident juste avant et il était sorti de l'hôpital depuis une semaine. Sur la ligne de départ, j'ai vu qu'il avait l'air tendu... " La voiture finira sa course enroulée autour d'un arbre et il faudra qu'une dépanneuse et un camion de pompiers tirent la voiture dans le sens opposé pour dégager la victime qui décédera quelques jour plus tard. Les conditions d'organisation de l'apreuve ne seront jamais mis en cause, mais la sécurité des pilotes dans les autos n'avaient rien a voir avec les conditions actuelles. L'année suivante des glissières de sécurité seront installées."A l'époque, les gens venaient courir avec leur voiture de tous les jours. Il n'y avait ni arceau de sécurité, ni extincteur dans les voitures, pas même de ceinture de sécurité. Seul le casque était obligatoire " rappelle Maurice Mourier. Lors de la deuxième édition, l'ASA Forez prendra le relais aux cotés des bénévoles dunièrois avec la rigueur et la structure pour organiser une épreuve de ce type. Et la course connaîtra un engouement croissant. Dés 1970, les monoplaces feront leurs apparition et trusteront les victoires. " Pour faire venir les pilotes nationaux; il fallait faire du chantage à la prime. En 1972, on offrait 5000 Francs au vainqueur. En comparaison en 2006, on lui donnera 1230 € ( soit 8068 Frs )". Mais le spectacle en valait la peine, l'essentiel des plateaux de l'époque était composé de propulsions. " C' était beaucoup plus spectaculaire, les voitures glissaient et occupaient toute la route ". Un rapide coup d'oeil sur une liste d'engagés de la fin des années 70 suffit à comprendre : une quarantaine de Simca 1000 Rallye, des Escort RS 200, Opel Kadett GTE, Porsche, Renault 8 Gordini, R 5 Turbo... Celles la même dont  l'avenir est aujourd'hui compromis.

 

Mieusset, Tarrés, Boccard et les autres....

 

De toute ces années passées à l'organisation, Auguste et Maurice Mourier gardent en mémoire un grand nombre d'anecdotes. " Une année, la course a été interrompue par un orage à tout casser, les derniers concurrents ne sont même pas partis. Je me souviens aussi de la sortie de route de Marcel Tarrés, poursuivit Auguste Mourier. C'était dans les années 80, lors de la dernière montée, il était sorti et avait fauché un commissaire. J'étais avec un médecin du SAMU et nous allions quitter notre emplacement lorsque la sirène a retenti. On est parti en voiture sur le circuit mais nous ne savions pas que les gens avaient envahi la route... Lorsque je suis sorti d'un virage, je me suis retrouvé avec 200 personnes justes en face. J'ai eu la peur de ma vie..." Marcel Tarrés, lui, s'en ressortira indemne et gagnera la course grâce a l'addition des deux meilleurs temps. Le commissaire fauché s'en sortira avec une jambe et une cheville cassées. " Trois grands pilotes ont marqués l'histoire de la course de côte de Dunières, insiste Maurice Mourier. Il y a eu Jimmy Mieusset, Marcel Tarrés et Daniel Boccard. ils ont dû remporter l'épreuve 5 ou 6 fois chacun et autant de titre de champion de France! Mais à l'époque, c'était presque ennuyeux, un peu comme la F1 aujourd' hui..." Et l'on pourrait allonger la liste avec un certain Bernard Chambérod...

En 1987, deux ans après l'épisode "Monté Carlo", un nouveau revêtement est posé. En 1989, la course de côte de Dunières passe en première division du championnat de France de la Montagne avant de redescendre l'année suivante. La manche dunièroise réintégrera l'elite en 1994 pour y rester définitivement. Aujourd hui les bénévoles reconnaissent volontiers qu'ils ne gagnent plus de l'argent avec la course comme auparavant. ils évoquent pour cela " la multiplicité des épreuves ". A Dunières, question innovation, les idées ne manquent pas pourtant et pendant plusieurs années les camions feront leur apparition en course! L'organisation demeure assez lourde et il faut près de 200 bénévoles pour assurer la mise en place de l'épreuve. La municipalité de Dunières apporte son soutien et les employés communaux sont sollicités 15 jours avant l'épreuve! " Même les riverains n'hésitent pas à vider leurs garages pour que les pilotes et leurs voitures puissent venir s'installer durant le week end de la course. Certains pilotes ont ainsi leur garage attitré."Pour Maurice, " nous sommes très fier que Dunières soit la dernière épreuve du championnat de France de la Montagne organisée avec un comité des fêtes." Une organisation jugée comme la " quasi perfection " dans un rapport de l'an passé. Depuis 5 ans, c'est L'ASA Val D'Allier qui gère tout l'aspect sportif de la course.

 

Article de Presse tiré de La Gazette de Juillet 2004